Yan Tomaszewski

Photo : Olivier Strauss


Yan Tomaszewski a reproduit sur le mur d’un terrain dont la mise en chantier est imminente, une estampe japonaise de Mi Fei. Avec les outils de l’intervention dans l’espace urbain, les sécateurs du paysagiste et la bombe de peinture du graffeur, il ré-inscrit une note d’exotisme dans ce chantier, renvoyant au passé constructif de la ville.
Au XIXème siècle Malakoff était avant tout connue pour les carrières dont on extrayait les pierres pour l’expansion de Paris. La ville, faisant d’abord partie de Vanves, se développe en même temps que ces carrières. C’est pourquoi, en référence à la ruée vers l’or, elle est surnommée : « la Nouvelle Californie du moellon et de la pierre ».
Un entrepreneur local qui avait acheté en masse des terrains encore inhabités fait fortune en revendant des parcelles sur lesquelles émerge bientôt le lotissement de la « Nouvelle Californie ». Au sein de ce nouveau lotissement, afin d’attirer plus d’acheteurs potentiels de terrains, cet entrepreneur fait construire une réplique de la tour de Malakhof (tour fortifiée conquise par les français lors de la guerre de Crimée). Elle domine « un jardin extraordinaire constitué de collines, de grottes et de vallées profondes, de ponts, fortins, redoutes reconstituant les batailles de Crimée ».
Cette intervention réponds aux problématiques de l’artiste qui s’intéresse à l’élan de construction, que l’on retrouve souvent dans le Paris du XIXème siècle, qui vient ici s’additionner à son côté conquérant (la tour de Malakoff en est le symbole) et l’exotisme qui accompagne ce mouvement ascensionnel (le nom russe de « Malakoff » et son imaginaire oriental, le parc en rocaille, l’appellation « Nouvelle Californie »).

Chinoiserie (jardin extraordinaire de la Nouvelle Californie du moellon et de la pierre), 2011, intervention in situ
A l'angle de l'avenue Brossolette et du boulevard Gabriel Péri